vendredi 18 décembre 2015

La mode retrouvée au Palais Galliera, ou comment tomber amoureux d'une comtesse


Comme vous le savez peut-être, je suis étudiante en arts du spectacle. Ces études me permettent de faire de nombreuses sorties, telles qu'assister à des représentations au théâtre, à des rencontres avec des artistes, à des festivals... Mais aussi visiter les musées. Cette année, un cours sur le costume de scène m'a amenée à aller voir une exposition... de haute couture ! Oui, je n'aurai pas pensé mettre de si tôt les pieds au Musée Galliera. La mode retrouvée, les robes trésors de la Comtesse Greffulhe (prononcer "Gréfeuille") a été pour moi une source d'émerveillement total. D'abord la découverte du Palais Galliera, écrin au cœur d'un jardin du seizième, puis le bijou qu'est cette collection de robes créées pour cette femme d'exception qui vous est proposée jusqu'au 20 mars 2016


©PierreAntoine
Née au tournant du 19e siècle, la jeune Elisabeth de Caraman-Chimay a marqué son temps. Mariée très jeune et d'une grande beauté, elle est depuis petite très intéressée par les arts, grâce à l'éducation avant-gardiste que lui donnent ses parents, l'initiant à divers instruments de musique et à la littérature. Elle est de toutes les fêtes, et très vite, elle se démarque de ses contemporaines.  Chaque aspect de ses tenues – tenues, que dis-je, ornements ! – est créé pour elle, en harmonie avec sa silhouette et l'occasion pour laquelle la robe est portée (de l'heure du thé au mariage de sa fille, en passant par une visite officielle du Tsar de Russie), et terriblement original : un véritable concept éphémère, qui déroute, envoûte, et devient inoubliable. Robes, mais aussi chapeaux, chaussures, gants, éventails qui la subliment, suivant la mode ou créant celle-ci, sans qu’elle ne soit jamais égalée en élégance. Âgée, la "divine comtesse" est toujours branchée, lovée dans des tenues 'orientalisantes' du goût le plus exquis, ou des robes aux formes innovantes. Les créations sont exposées très sobrement dans une scénographie humble, et se laissent découvrir sous une lumière douce, qui respecte la délicatesse des matières. 

©PierreAntoine
Les panneaux descriptifs qui rythment l'exposition nous racontent l'histoire de ce dressing de prestige. Les repaires historico-culturels et les extraits de correspondances nous font revivre cette époque. Les échanges épistolaires sont dignes de roman. D'ailleurs, l'émoustillé Marcel Proust s'inspirera de son amie la comtesse de Greffulhe pour créer le personnage de la duchesse de Guermantes dans la Recherche du Temps Perdu, dont certains extraits se donnent à lire. Elle inspire l'admiration (l'amour ?) des peintres, des couturiers, des poètes, et des musiciens. La Pavane de Gabriel Fauré fut écrite pour elle, et c'est grâce à la comtesse que le compositeur Wagner se fit connaître à Paris, entre autres.

En sortant de l'expo, j'étais transportée par la beauté de ce que j'avais vu, et cet hommage rendu à la belle mécène m'a touchée profondément. Une intense envie de pleurer m'a saisie, mais mes larmes sont pour notre France blessée. Mon cœur a éclaté de rire, et je me suis mise à danser sur les trottoirs du 16ème, encore en compagnie des grands artistes, dansant dans les plus captivants salons de Paris.


Margot

1 commentaire:

  1. En complément à cette superbe exposition, je vous recommande la lecture de la passionnante biographie richement illustrée que lui a consacrée Laure Hillerin, "La comtesse Greffuhe, l'ombre des Guermantes" (Flammarion, 2014). Un site web vous donnera toutes les infos sur cet ouvrage :http://www.comtessegreffulhe.fr

    RépondreSupprimer

MENU