jeudi 3 décembre 2015

Les estampes au Petit Palais : une double expo inégale mais divertissante (2)


Que nous réserve la deuxième partie de l'exposition ? Retour au Petit Palais. Forte de la première partie de l'exposition "Fantastique ! L'estampe visionnaire", où j'étais repue de couleurs et d'énergie nippone, j'abordais la partie consacrée aux estampes romantiques avec impatience : j'étais au départ venue pour cela ! Cette deuxième partie de l'exposition consacrée aux estampes fantastiques européennes est organisée de la même manière que la section Kuniyoshi.


Une opposition chromatique claire est posée : la scénographie de la partie japonaise tourne autour de la couleur rouge, vivifiante, tandis qu'on évolue dans la deuxième partie dans des tons verts amandes mélancoliques. Deux ou trois grands panneaux de présentation (suffisants) nous guident à travers cette collection d'estampes en noir et blanc, organisées selon les influences artistiques des dessinateurs : folklore populaire, différents courants du romantisme, figures incontournables des cauchemars et œuvres littéraires inspirantes.

©BnF
On retrouve des références aux Enfers de Dante, à diverses œuvres de Victor Hugo et Faust de Goethe, bien évidemment, le diable Méphistophélès tenant une place de choix parmi les gravures gothiques. La Mort, les animaux nocturnes, les esprits, et toutes sortes de démons constituent le bestiaire joyeux des Caprices de Goya, et sont les personnages principaux de cette exposition, incarnant tout à la fois des peurs ancestrales des artistes et celles propres à l'époque décadente. Inoculant un goût pour les "diableries" et le macabre, ces artistes infusent leur sombre fantasmagorie dans les publicités, les affiches de spectacles, entre autres. Les estampes d'Odilon Redon clôturent l'exposition, et témoignent d'un symbolisme nébuleux : ces douces et mélancoliques créatures à tête flottante, repoussantes et souriantes, araignées, cyclopes, hybrides et races non identifiées nous invitent vers la sortie, comme une ouverture sur un siècle où de bien vilaines choses se passent, mais dont on peut – si on le veut – tirer quelques gouttes de beauté et de fantaisie.

Moins fournie et réjouissante que la première partie de l'exposition, et faisant déambuler les visiteurs dans une ambiance plus feutrée, cette rétrospective me laisse pensive, avec un très léger goût d'inachevé. Pour sortir du Petit Palais, il faut retraverser tout le musée. Je passe donc dans les salons accueillant l'exposition permanente. Statues, vases et théières, tableaux de toutes les époques et tous les styles sont disposées en un dialogue subtil dans ces vastes salles vides de visiteurs, et baignées de soleil. Je n'entends que le bruit de mes pas, me laisse caresser le visage par les rayons passant par les hautes baies, et jette un regard rêveur vers le jardin du Petit Palais, royaume des plantes luxuriantes pavé de mosaïque délicate. Un moment salvateur, d'une douceur unique, dont je me souviendrai très longtemps.

Margot


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