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Que nous réserve la deuxième partie de l'exposition ? Retour
au Petit Palais. Forte de la première partie de l'exposition "Fantastique
! L'estampe visionnaire", où j'étais repue de couleurs et d'énergie
nippone, j'abordais la partie consacrée aux estampes romantiques avec
impatience : j'étais au départ venue pour cela ! Cette deuxième partie de
l'exposition consacrée aux estampes fantastiques européennes est organisée de
la même manière que la section Kuniyoshi.
Une
opposition chromatique claire est posée : la scénographie de la partie
japonaise tourne autour de la couleur rouge, vivifiante, tandis qu'on évolue
dans la deuxième partie dans des tons verts amandes mélancoliques. Deux ou
trois grands panneaux de présentation (suffisants) nous guident à travers cette
collection d'estampes en noir et blanc, organisées selon les influences
artistiques des dessinateurs : folklore populaire, différents courants du
romantisme, figures incontournables des cauchemars et œuvres littéraires
inspirantes.
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©BnF |
On
retrouve des références aux Enfers de Dante, à diverses œuvres de Victor
Hugo et Faust de Goethe, bien évidemment, le diable Méphistophélès tenant
une place de choix parmi les gravures gothiques. La Mort, les animaux
nocturnes, les esprits, et toutes sortes de démons constituent le bestiaire
joyeux des Caprices de Goya, et sont les personnages principaux de cette
exposition, incarnant tout à la fois des peurs ancestrales des artistes et
celles propres à l'époque décadente. Inoculant un goût pour les
"diableries" et le macabre, ces artistes infusent leur sombre
fantasmagorie dans les publicités, les affiches de spectacles, entre autres.
Les estampes d'Odilon Redon clôturent l'exposition, et témoignent d'un
symbolisme nébuleux : ces douces et mélancoliques créatures à tête flottante,
repoussantes et souriantes, araignées, cyclopes, hybrides et races non
identifiées nous invitent vers la sortie, comme une ouverture sur un siècle où
de bien vilaines choses se passent, mais dont on peut – si on le veut – tirer
quelques gouttes de beauté et de fantaisie.
Moins
fournie et réjouissante que la première partie de l'exposition, et faisant
déambuler les visiteurs dans une ambiance plus feutrée, cette rétrospective me
laisse pensive, avec un très léger goût d'inachevé. Pour sortir du Petit
Palais, il faut retraverser tout le musée. Je passe donc dans les salons
accueillant l'exposition permanente. Statues, vases et théières, tableaux de
toutes les époques et tous les styles sont disposées en un dialogue subtil dans
ces vastes salles vides de visiteurs, et baignées de soleil. Je n'entends que
le bruit de mes pas, me laisse caresser le visage par les rayons passant par
les hautes baies, et jette un regard rêveur vers le jardin du Petit Palais,
royaume des plantes luxuriantes pavé de mosaïque délicate. Un moment salvateur,
d'une douceur unique, dont je me souviendrai très longtemps.
Margot
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